Possession française depuis 1853, la Nouvelle Calédonie est d’abord une colonie de bannissement avant de devenir une colonie de peuplement. Suite au processus de décolonisation entamé dans les colonies françaises après la Seconde Guerre mondiale, et avec le rassemblement des Kanaks autour d’une même volonté politique indépendantiste, la question de l’indépendance néo-calédonienne vient à se poser.
Des tensions ethniques
La Nouvelle Calédonie compte un peu plus de 268 000 habitants. Les Kanaks représentent la première communauté du territoire avec 39 %. Viennent ensuite les Européens avec 27 %. Suivent « les autres », avec 20 % de la population, puis d’autres ethnies minoritaires. Les Kanaks, ethnie pourtant majoritaire, se retrouvent minoritaires politiquement.
En 1984, le Front de libération nationale kanake et socialiste (1KLNKS) boycotte les élections territoriales dans le but de préparer l’indépendance kanake socialiste. C’est le point de départ de quatre années de conflits politiques. Deux camps s’affrontent : les indépendantistes et les loyalistes. Le 26 juin et le 20 août 1988, les accords de Matignon sont signés. Ils prévoient la création de trois provinces autonomes et un référendum d’autodétermination pour 1998. Le référendum est reporté.
Les accords de Nouméa
La loi organique du 19 mars 1999 reconnaît la spécificité de ce territoire d’Outre-mer. Chacune des trois provinces semi-autonomes possède une assemblée délibérante et dispose de représentants au Congrès de la Nouvelle Calédonie. La Nouvelle Calédonie dispose d’un gouvernement élu par le Congrès et d’un Président du gouvernement.
Par ailleurs, les accords de Nouméa prévoient la mise en place d’une autonomie forte avec des transferts de compétences – sauf pour les compétences régaliennes qui restent du ressort de l’État français –, la création d’une citoyenneté calédonienne et la tenue d’un référendum d’autodétermination qui doit se tenir entre 2014 et 2018. Plus tard, la révision constitutionnelle de 2003 intègre la Nouvelle Calédonie à la liste des collectivités d’Outre-mer.
Le référendum d’autodétermination de novembre 2018
Les populations concernées devront se prononcer sur l’accession « à la pleine souveraineté ». Le rapport de force politique n’est pas favorable à une séparation d’avec la France : si les indépendantistes sont majoritaires dans le Nord et les îles, les loyalistes le sont dans le Sud, province la plus peuplée. Les loyalistes voient dans le référendum une occasion d’annihiler toute volonté d’indépendance. Pour les responsables indépendantistes, il sera en revanche le moyen d’obtenir légalement une indépendance espérée de longue date. Les élus calédoniens se sont retrouvés à Matignon pour discuter de l’organisation du référendum, et du problème épineux de la composition du corps électoral. Cette réunion a débouché sur un « accord politique ».
En conclusion
À la date butoir du référendum d’autodétermination, beaucoup de questions politiques, économiques et sociales restent sensibles et non résolues. S’imposer sur la scène internationale sans le concours de la France serait un véritable défi pour ce territoire. La création d’un nouvel État engagerait également les voisins océaniens de la Nouvelle Calédonie et les grandes puissances de la région. Bien que très éloignée de la métropole, la perte de ce territoire représenterait pour la France une perte majeure de souveraineté dans le Pacifique.