Le ministre de la Justice Éric Dupond-Moretti a annoncé le 21 août dernier la mise en place d’une mission d’inspection destinée à renforcer la prévention du suicide en milieu carcéral. L’objectif est également de faire la lumière sur celui de l’ex-enseignant qui s’est pendu aux Baumettes, à Marseille, début août.
Une surpopulation carcérale chronique
Au 1er janvier 2020, on compte 70 650 pour 61 080 places dans les prisons françaises. Cette surpopulation, ajoutée à la vétusté des lieux entraîne des problèmes d’hygiène, de santé, d’absence d’intimité, génère tensions, violences… D’autre part, les délais d’attente sont exorbitants pour l’accès aux soins : plusieurs mois pour les soins dentaires et 8 mois pour un accompagnement psychologique.
Ces conditions de détention sont régulièrement dénoncées par le Contrôleur général des lieux de privation de liberté ainsi que pas des instances internationales.
Le suicide en prison : un phénomène d’ampleur
Dans ce contexte, il n’est pas surprenant que le niveau de suicide dans les prisons françaises soit le plus élevé d’Europe, et qu’il soit 6 fois plus élevé que dans la population générale. En 2019, le nombre de suicides s’élève à 128. L’année 2020 a été marquée par de nombreux suicides suspects ou alertant contre les conditions de détention : manque de suivi psychiatrique pour des détenus particulièrement fragiles, suicide en quartier d’isolement, en quartier disciplinaire, enquêtes montrant des négligences…
Ces faits et ces chiffres élevés ont amené le nouveau garde des Sceaux à commander un rapport sur la prévention du risque de suicide en prison.
Une politique insuffisamment efficace
Une politique de prévention du suicide en détention a été mise en place dès 1967 et s’est traduite en 2009 par la mise en œuvre d’un grand plan d’actions et de prévention. Ce plan s’articule en 5 axes et une vingtaine de mesures : renforcement de la formation des personnels pénitentiaires, lutte contre le sentiment d’isolement en quartier disciplinaire, application de mesures de protection pour les détenus en crise suicidaire.
Malgré la politique volontariste menée par le Gouvernement, les chiffres sont alarmants : 26 suicides pour 10 000 détenus aujourd’hui contre 1,4 pour 10 000 il y a cinquante ans.
La mission d’inspection
Le dernier événement en date a marqué l’actualité puisqu’il s’agit d’un enseignant en détention provisoire à la prison des Baumettes, incarcéré pour de petits délits, et souffrant de troubles obsessionnels compulsifs, qui se suicide par pendaison le 2 août. Une expertise psychiatrique lors de l’audience de remise en liberté de début juillet aurait peut-être permis de pointer la tendance suicidaire et de ne pas maintenir l’accusé en détention avant son jugement. Cet événement amènera Éric Dupont-Moretti à lancer une enquête et à demander un rapport sur la prévention du suicide en détention
La mission d’inspection devra donc examiner si l’ensemble des outils ont été utilisés pour prévenir ce suicide, et établir la progression du plan 2019-2022 sur la santé des détenus, notamment sur la prévention du suicide. L’Inspection générale de la justice et l’Inspection générale de la santé remettront au garde des Sceaux leurs recommandations au plus tard le 1er décembre.
Conclusion
L’environnement du milieu carcéral entraîne des conditions de vie parfois bien difficiles pour les détenus dans ce contexte de surpopulation et de violence parfois extrême. Espérons que le rapport commandé par le garde des Sceaux soit suivi de moyens à la hauteur des problèmes.
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